L’impact carbone du tourisme : état des lieux, enjeux et moyens d’agir

Comme toute activité économique, le tourisme a des impacts qui peuvent être positifs ou négatifs sur l’environnement. Face aux enjeux de lutte contre le dérèglement climatique, l’impact des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) du secteur touristique est ainsi régulièrement mis en avant. En tant que professionnels du tourisme, comment pouvons-nous agir pour réduire nos émissions de GES et participer ainsi à la lutte pour le climat ? Car si le meilleur moment pour agir pour le climat était il y a 50 ans, le deuxième meilleur moment est maintenant.

Publié le 21 juin 2023
Saint-Suliac vu du ciel
©Saint-Suliac vu du ciel |Thibault Poriel

Le Tourisme : un secteur fortement émetteur de CO²…

En 2021, l’ADEME a présenté le premier bilan carbone du Tourisme en France. Il révélait notamment que le secteur touristique était responsable de 11% des émissions de l’inventaire national de GES : comme le tourisme représente 8% du PIB, son intensité carbone est donc plus importante que d’autres secteurs.

Parmi les principales conclusions de ce bilan carbone, on apprend que :

  • Les mobilités sont responsables de ¾ des émissions totales du secteur
  • Le transport domicile-lieu de vacances représente à lui seul 68% des émissions totales (avec une très forte proportion liée au transport en avion)
  • Le tourisme d’affaires représente 17% des émissions de GES du secteur pour seulement 9% des nuitées
  • L’hébergement représente 7% des émissions, 6% pour la restauration

 

…mais également déjà très impacté par le dérèglement climatique

Le tourisme est donc un contributeur important aux émissions de GES qui accélèrent les effets du dérèglement climatique. Or, comme l’a montré douloureusement l’année 2022, le tourisme est lui-même directement impacté par ce dérèglement. En témoignent les incendies sur le Bassin d’Arcachon qui ont détruits plusieurs campings, la tempête meurtrière en Corse au cœur de l’été qui a dévasté des campings, la baisse du niveau des rivières qui ont rendu impossibles certaines activités nautiques, les canicules à répétition qui ont perturbé les activités de loisirs, la progression de l’érosion du trait de côte qui menace certains hébergements touristiques…

 

Des impacts sur le tourisme qui risquent d’augmenter

Or, ces risques climatiques (montée des eaux, risques sanitaires, canicule, incendies, fonte des glaciers, baisse de l’enneigement, inondation, tempête et submersion) risquent de devenir la norme si nous n’atteignons pas la neutralité carbone à l’horizon 2050. En Ille-et-Vilaine, il est par exemple prévu 6 fois plus de jours de canicule par an à Rennes d’ici 2050 ou encore une montée du niveau de la mer de 30 cm à Saint-Malo (augmentant alors les risques de submersion marine).

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Le dérèglement climatique va également impacter le tourisme au travers de risques de transition. Le Shift Project (Association d’intérêt général qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone en éclairant et influençant le débat sur la transition énergétique.) les définit comme « l’ensemble des risques engendrés par les processus d’ajustement vers une économie bas-carbone. Les changements de politique, la mutation des modes de production et de consommation de l’énergie, les risques technologiques et physiques pourraient précipiter la réévaluation de la valeur d’une large gamme d’actifs, voire de stratégies d’entreprises, au fur et à mesure que la transition se réalisera. »

Les entreprises touristiques qui s’engagent rapidement dans une stratégie de décarbonation de leurs activités seront donc moins vulnérables par rapport à ces risques de transition. Selon une étude de EcoAct France (Leader international de la lutte contre le changement climatique), les taxes Carbone pourraient par exemple coûter 10% du chiffre d’affaires des entreprises en 2030.

Il est donc primordial, pour leur durabilité, que les professionnels du tourisme engagent des actions d’adaptation au réchauffement climatique et en même temps adoptent des stratégies ambitieuses de réduction de leurs émissions de GES.

 

Un bilan carbone : la 1ère étape indispensable pour réduire ses émissions

Avant de s’engager dans une stratégie de réduction des émissions de GES de son activité touristique, il faut au préalable connaître et mesurer les principales sources d’émission. Et pour cela, rien de mieux qu’un bilan carbone établi selon la méthodologie de l’ADEME. Vous aurez alors une vision d’ensemble des émissions de GES de votre activité, à faire idéalement sur les 3 scopes. La réalisation d’un tel bilan carbone prend du temps et nécessite un certain budget, mais la qualité du travail rendu vous permettra d’envisager sérieusement une stratégie Bas-Carbone de vos activités.

L’ADEME a ainsi intégré la réalisation d’un bilan carbone comme l’une des 20 mesures phares nécessaires pour une transition pour un tourisme durable.

Faire son bilan carbone, quel outils à disposition ?

Pour réaliser un bilan carbone, vous pouvez passer par des consultants climat formés à la méthodologie bilan carbone. Il existe d’ailleurs des aides financières via le dispositif Diag Décarbon’action de la BPI. Vous pouvez également utiliser un site Internet spécialisé comme Greenly qui propose un outil en ligne qui permet de calculer son bilan carbone tout en bénéficiant en parallèle des conseils d’un expert climat. Vous aurez également la possibilité de comparer vos émissions par rapport à d’autres acteurs touristiques et de définir une stratégie pour réduire vos émissions de GES.

Si vous ne voulez pas vous lancer tout de suite dans un bilan carbone pour vos activités touristiques, plusieurs sites vous permettent d’avoir déjà une première idée de votre empreinte carbone à titre individuel : une bonne manière de connaître les ordres de grandeur et d’engager des actions chez soi avant de les dupliquer au sein de son entreprise touristique. L’ADEME propose notamment un calculateur d’empreinte carbone personnel. Simple et ludique, il permet, en 10 petites minutes, de savoir quelles sont ses principales sources d’émissions de GES et propose ensuite des moyens de les limiter.

Avenir Climatique : se former pour comprendre les enjeux et passer à l’action

L’association Avenir Climatique nous invite à « agir d’une manière concrète et positive sur les enjeux énergie/climat ». Depuis 2017, elle propose notamment un MOOC (cours en ligne) en partenariat avec l’Association Bilan Carbone, pour comprendre les enjeux sur l’énergie et le climat. En 5 vidéos de 15 minutes, vous aurez les bases pour comprendre les grands enjeux et passer à l’action.

L’association propose également des kits de sensibilisation : faire connaître les enjeux au plus grand nombre est en effet un des moyens les plus efficaces pour faire bouger les lignes sur le dérèglement climatique.

 

Fondation Good Planet : les 3 actions pour agir en faveur du climat

La fondation créée par le célèbre photographe Yann Arthus-Bertrand a été une des premières à proposer un calculateur carbone de ses déplacements et surtout à proposer de contribuer à des projets de séquestration ou de réduction d’émission de GES pour atteindre un objectif de neutralité carbone.

C’est un des sites les plus reconnus pour « compenser » ses émissions, même si cette contribution ne doit intervenir qu’en dernier recours. La Fondation le rappelle d’ailleurs bien en indiquant l’ordre à suivre pour agir en faveur du climat :

  • Il faut mesurer ses émissions : l’outil de la fondation permet maintenant de faire des calculs à titre individuel (pour un voyage ou annuellement), pour une entreprise ou encore pour un événement
  • Réduire ses émissions : le site propose de nombreux éco-gestes
  • Contribuer financièrement à des projets de neutralité carbone sur le reliquat de ses émissions.

 

Si nous souhaitons pouvoir atteindre les objectifs de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique entre 1,5 et 2°C et alors continuer à avoir un monde vivable, il est important que le tourisme fasse sa part en prenant en compte son impact en terme d’émissions de GES et en se lançant dans une stratégie de réduction des émissions. Et si le meilleur moment pour se lancer dans une telle stratégie était il y a 50 ans, le deuxième meilleur moment est… maintenant !

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