Saint-Malo – Redon : quatre jours de randonnée à vélo et une même passion…

DES ONZE ÉCLUSES À SAINT-GERMAIN-SUR-ILLE

Ça tangue un peu ce matin. Question de perspective ? Il faut dire que la soirée a été longue et qu’on a un peu/beaucoup éclusé. « Allez, en piste. Il n’y a pas trop de dénivelé ce matin, mais on a un peu de route à faire. »

Reprise en pente douce. C’est vrai que le site est étonnant : 11 écluses sur un peu plus de 2 km de distance et pour 27 m de dénivelé. Un vrai travail de forçats. On estime ainsi qu’entre 1 000 et 2 000 prisonniers de guerre ont effectué les travaux, entre 1804 et 1832 sous les ordres de Napoléon Ier. D’un côté à l’autre, des œuvres sont plantées sur le halage. Elles sont le fait d’une association locale : l’Art dérive. Quelle belle invitation à la flânerie et à la méditation ! Les vélos filent. Allure moyenne. « L’étang de Boulet à Feins n’est plus très loin. On fait un détour pour aller piquer une tête ou on enchaîne ? » « On enchaîne. J’ai fait une partie de mes études à Rennes et j’ai bien envie de voir si les rues où je passais mes soirées sont toujours aussi animées qu’à mon époque. »

BIENVENUE À LA CAPITALE

Montreuil-sur-Ille, Saint-Médard-sur-Ille, Saint-Germain-sur-Ille… et maintenant Betton, Saint-Grégoire… À mesure que nous pédalons, le paysage se densifie. Pas de doute, Rennes est à portée de guidon. « Je vous propose d’aller tout de suite là où nous dormons pour poser nos affaires et nous changer, et après nous aviserons ? » « Entendu. » On se pose à l’Auberge de jeunesse. Petite douche. Micro sieste et c’est reparti. « Tu as une idée de ce qu’on peut faire ? » « A Rennes, tout est possible. On peut commencer par aller faire un tour dans le centre et sur le Mail. Vous verrez il y a pas mal de choses à voir et notamment du street art avec des œuvres de War !, Héol, Aéro… J’aime aussi beaucoup les clous de l’OuLiPo. C’est fou ce qu’on peut apprendre sur une ville en regardant en l’air, mais aussi par terre. » Le programme est validé. La déambulation est riche de promesses, de rencontres…

Dommage qu’il soit trop tard pour le marché, j’aurais bien avalé une galette saucisse moi ! « Ho tu as vu le rooftop là-haut ? » « Messieurs, bienvenue, au Mama Shelter de Rennes, le bar est par là ! »

PAUSE CASSE-CROÛTE AU MOULIN DU BOËL

« Je serais bien resté une journée de plus, moi. » Soupirs. « Hey les gars, on est venu là pour faire du vélo et en profiter pendant 4 jours. Et puis, vous allez voir, je suis certain que l’aventure n’est pas terminée et que la suite de notre voyage va être étonnante ! » « Allez en selle, Arzal nous appelle ! »

… Et c’est parti. Petit tour de chauffe pour s’assouplir les jambes et profiter, une dernière fois, du centre-ville. Selfie sur la place de la mairie pour garder un petit souvenir. Changement de cap. On met les voiles sur le Mail François Mitterrand. Retour sur le halage. Nous dépassons le stade de la Route de Lorient, contournons les étangs d’Apigné. La plage version capitale de la Bretagne. Bientôt la métropole rennaise n’est plus qu’un lointain souvenir. La vallée de la Vilaine est un véritable havre de paix. Et en même temps l’endroit est fréquenté : cyclistes, promeneurs, coureurs, kayakistes… C’est à croire que tous les amateurs de sports en extérieur s’y sont donné rendez-vous. Quoi qu’il en soit, on dénombre 27 itinéraires balisés. Dont certains épousent le contour des falaises de schiste rouge.

ÉTAPE DÉTENTE DANS LE PORT DE GUIPRY-MESSAC

Le déjeuner est rapidement avalé. La sieste qui s’ensuit est un pur moment de bonheur. « Oh les gars vous avez vu l’heure ? On a dormi comme des loirs sans se soucier du temps qui passe. » Nous laissons Laillé de côté pour atteindre le site de la Courbe. Nous empruntons une passerelle qui enjambe la Vilaine. Vélo à la main. « On refait une photo ? » Bientôt Saint-Senoux, son église, son architecture de style néo-byzantin et son clocher à bulbe, Saint-Malo-de-Phily… « Et on dort où ce soir ? » « Ne t’inquiète pas, j’ai réservé un hébergement écologique à Guipry-Messac. C’est une cabanétape et ça se trouve au camping municipal Les Salorges. Ça vous ira ?!»

LANGON, UNE HALTE BIENVENUE

La nuit au bord de l’eau a été reposante. « Vous avez vu les gars, on est à 15 minutes à peine du circuit de Lohéac ? Quoi, vous ne connaissez pas ? Il a été créé par Michel Hommel un magnat de la presse. Il y a un circuit et même un musée. Chaque année, il accueille une étape du championnat du monde de rallycross… » « Là, on n’a pas du tout le temps. »

Bon gré, mal gré… la petite troupe s’élance et reprend sa route. Là encore les cyclotouristes sont nombreux. Au moins autant que les jonctions avec d’autres itinéraires. On passe le site de Corbinières. Mais la fatigue se fait de plus en plus présente. La halte nautique du Port de Roche est la bienvenue. C’est le moment où jamais de sortir les thermos et les encas collectés tout le long du trajet. « Vous avez vu le manoir derrière ? Et le pont ? Il n’y aurait pas comme une accointance avec la tour Eiffel dans cet ouvrage d’art ? » Autre incongruité sur notre passage : la voie romaine de Langon. « Hey champion, toi aussi tu pourras dire que tu as connu l’enfer des pavés ! » La halte de Beslé est en vue. On va pouvoir déjeuner en paix et se reposer. « Vous vous mettez à côté pour que je prenne une photo ? »

AU BOUT DU CHEMIN, REDON

Il ne nous reste que quelques kilomètres à parcourir avant d’atteindre Redon. Le paysage change. La nostalgie s’installe. On sent bien que l’aventure touche à sa fin. « On m’a parlé de l’Île-aux-Pies. Ce n’est pas si loin. Il paraît que c’est un super spot pour faire de l’escalade. » « Alors, là on arrive au port de Redon. Donc on l’a passé. Mais tu as raison, le site est couru. Il y a aussi des voies en surplomb de l’étang du Val à Saint-Just. » Le coin est également réputé pour ses circuits VTT. Il y a aussi le marais de Gannedel, à la confluence de la Vilaine et du Canut, sa base de loisirs, les landes de Cojoux et leurs mégalithes du néolithique. Nous arrivons devant le Ciné Manivelle. Juste le temps de prendre une bière artisanale locale. « T’as vu, c’est une « Merienne » ça veut dire « sieste » en gallo. Et en plus elle a le goût de la châtaigne ! »

La boucle est bouclée. Direction l’hôtel, pour un repos bien mérité. « On remet ça l’année prochaine ? Vous avez vu tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire ! » Il n’y a que l’embarras du choix !