Jennifer Letué sur les routes de campagne d'Ille-et-Vilaine
©Tour de France 2021, la belle échappée de Jennifer Letué |àlaligne
La belle échappée#1

La belle échappée de Jennifer Letué – épisode 1

Portrait de notre ambassadrice vélo d'un jour

La Rennaise, Jennifer Letué, est l’une des meilleures cyclistes françaises de sa génération. Voilà 20 ans qu’elle arpente, en tous sens, les routes d’Ille-et-Vilaine. Ancienne coureuse de l’équipe de France, Jennifer a aujourd’hui raccroché. Désormais, ambassadrice de la Région Bretagne pour la Fédération Française de Cyclisme, elle fait découvrir le vélo et des jolies balades à des non licenciées. A l’occasion du passage du Tour de France en Ille-et-Vilaine, mardi 29 juin 2021, on prend la roue de la championne pour emprunter les chemins de traverse et découvrir des trésors insoupçonnés.

Episode 1 : La belle échappée de Jennifer Letué
Episode 1 : La belle échappée de Jennifer Letué
Episode 1 : La belle échappée de Jennifer Letué

LE VÉLO, UNE HISTOIRE DE FAMILLE

Le cyclisme coulerait presque dans ses veines. Dans la famille Letué, le grand-père, le père, le frère de Jennifer sont adeptes de la petite reine. On aurait pu croire le chemin tout tracé pour Jennifer. Et pourtant. « Plus jeune, j’avais promis à mon père que je ne ferai jamais de vélo », s’amuse la jeune trentenaire.

Mais avec un papa, président de l’OC Cesson-Sévigné, le club local, la jeune femme finit par s’essayer à l’école de cyclisme. « Mon père en est à l’initiative. Au début en 2002, nous étions 4 ou 5, j’étais la seule fille. » Quand ses copines pratiquent la gym ou la natation, Jennifer sprinte, slalome entre les plots, apprend l’habileté et l’adresse à vélo. « On s’amuse surtout. Il n’y a pas d’esprit de compétition. Ça m’a plu tout de suite. »

Voilà le virus familial transmis et la promesse faite au paternel, aussitôt envolée. Au fil des catégories d’âge et des courses, la jeune femme se révèle et devient l’une des meilleures cyclistes de l’Hexagone, jusqu’à porter le maillot de l’équipe de France.

« LE HAUT NIVEAU M’A FAIT MÛRIR PLUS VITE »

« Ces années resteront gravées en moi. Au début je ne réalisais pas. On prend conscience que l’on représente son pays, à l’étranger. Ça impressionne, on circule avec les véhicules siglés Équipe de France, on porte le maillot bleu blanc rouge. » Pour la première fois aussi Jennifer quitte le cocon familial. « L’expérience du haut niveau m’a fait mûrir plus vite. Quand on ne se retrouve même pas majeure en Afrique du Sud ou en Bulgarie, accueillie à bras ouvert par des habitants qui n’ont pas grand-chose pour vivre, on relativise notre vie, nos tracas en France. »


5e AU CHAMPIONNAT DU MONDE DU CONTRE-LA-MONTRE

En 2008, à tout juste 18 ans, la jeune femme signe l’une de ses meilleures performances et « son meilleur souvenir. » Elle prend la 5e place des championnats du monde juniors du contre-la-montre, en Afrique du Sud. « Au-delà de l’aspect sportif, je me souviens du parcours et de paysages incroyables. » Tout au long de sa carrière, le contre-la-montre restera son épreuve favorite. Une épreuve autant physique que mental. « On ne peut pas se cacher derrière les autres. C’est toi contre le chronomètre et celui des adversaires. Il faut savoir gérer son effort et performer le Jour. Tu dois toujours être à fond et dépasser la douleur. »


LE PROFESSIONNALISME : UNE EXPÉRIENCE INCROYABLE

En 2009, ses performances en équipe de France lui ouvrent les portes du monde professionnel, d’abord à l’ES Gervais Lilas 93, puis Vienne Futuroscope. « Au quotidien, ça implique de gros sacrifices en termes de sommeil, d’alimentation et de sorties. » Un choix de vie que la jeune femme ne regrette pas. « Derrière ce sont des expériences incroyables. C’est là que j’ai rencontré mes amis les plus proches. Et ça reste des choix à court terme, on ne fait pas du vélo à haut niveau jusqu’à 70 ans. » A l’époque, difficile encore pour les femmes de vivre de ce métier. « Nous signons un contrat avec 400 euros par mois pour vivre. » Une décennie plus tard, le cyclisme féminin s’est professionnalisé. « Il y a un entourage autour des filles en plus de l’entraîneur. Elles ont enfin un vrai salaire. Derrière, on se retrouve avec des courses comme la flèche Wallonne, le Giro, très animées. Les gens s’y intéressent de plus en plus. Ce n’est pas pour rien qu’en 2022, le Tour de France féminin fera son retour. »

AMBASSADRICE POUR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE CYCLISME

Après 6 ans chez les professionnelles, Jennifer stoppe sa carrière. « J’estimais avoir atteint mon meilleur niveau et ne pas pouvoir faire mieux. » La tête sur les épaules, la jeune femme réussit avec brio sa reconversion. En 2015, Jennifer reprend ses études et obtient un BPAG2F, un brevet dans les métiers de la remise en forme. « Dans la foulée, j’ai été embauchée à l’ENCP, une école partenaire de l’Orange Bleue, le numéro un des clubs de remise en forme. Coach, responsable de trois clubs, Jennifer forme aujourd’hui les futurs professeurs de sport. » Hyper active, Jennifer répond aussi présente lorsque la Fédération Française de Cyclisme la sollicite pour être l’une de ses ambassadrices, en Bretagne. Le but : faire découvrir le cyclisme à des personnes qui ne pratiquent pas le vélo et promouvoir les spots locaux. « Il n’y a aucune notion de performance. Le seul frein pourrait être de ne pas avoir de vélo », rigole Jennifer.

Tour de France 2021, Jennifer Letué devant le château du Rocher Portail à Maen-Roch en Ille-et-Vilaine
©Tour de France 2021, la belle échappée de Jennifer Letué

Découvrir de nouveaux terrains de jeux et partager des émotions

« Chacun roule à son rythme. On s’aide en cas de difficultés, et on s’adapte à tous. Le vélo ne traumatise pas le corps. C’est un effort constant adapté à beaucoup. Et surtout un moment de partage. » Aujourd’hui, la jeune femme est rangée des montures. Mais « il n’y a pas un week-end où je ne fais pas une petite sortie. Ça fait partie de moi. J’en ai besoin. A vélo, on sort des grandes routes pour emprunter les petites routes départementales. On arrive dans des endroits touristiques, on savoure, on prend le temps de regarder, c’est aussi ça le plaisir de rouler à vélo. »

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